Grandir

De l’art de rire en entreprise

Par Blanche Berthon, Octobre 2019

De l’art de rire

Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous avez eu le loisir de rire au travail ? Je vous propose un petit exercice : fermez les yeux et revivez cet instant. Quelle saveur a-t-il ? Des souvenirs remontent, un sourire de satisfaction émerge, un bon moment partagé avec les collègues ou ce nouveau collaborateur qui a l’humour facile et bon-enfant…

Vous êtes vous-même ce manager qui avez su, par un mot fin, soulager l’atmosphère, créer l’adhésion autour d’un projet mené jusqu’à la réussite. Plaisir, légèreté, créativité, dépassement, détente. Le rire, en entreprise, est plébiscité pour ses qualités fédératrices [1].

Mais en y repensant bien…, le souvenir de votre dernier rire est légèrement amer. Spontanément vous vous étiez joint à votre entourage. Ce rire vous a échappé. Votre intuition n’a pas résonné suffisamment fort.

Certains parviennent à créer une toile où rieurs et témoins sont pris au piège. Le rire, sur une pente savonneuse : un rieur en quête de reconnaissance aux dépends d’autrui, celui-ci l’utilisant comme arme dans une lutte de pouvoir, un autre par volonté de nuire.

Un jour, un de vos collaborateurs vous sollicite : il est devenu l’objet de moqueries. Au départ les blagues étaient bon-enfant, se souvient-il. Aujourd’hui, l’idée de venir travailler le rend anxieux. [2].

Comment discerner quand rire ? Dans son étude « le rire au travail et l’éthique » [3], Martine Brasseur propose d’envisager une liste de quatre critères : “réciprocité”, “unanimité”, “persistance” et “plein accord préalable” pour un bien-vivre ensemble.

La confiance s’installe alors et le rire se déploie. Utilisé à bon escient, il devient bon et savoureux, il ouvre à plus d’humanité et pétille de créativité pour le plus grand bien des organisations.

Blanche Berthon


Pour aller plus loin :

La réciprocité : il y a deux dimensions. Moqueurs et moqués sont rieurs, et la situation est elle-même un déclencheur du rire.

L’unanimité : le rire devrait être partagé par les trois groupes de protagonistes directement concernés : moqueur, moqué mais aussi témoin.

La persistance : Le souvenir de ce rire reste-t-il agréable ?

Le plein accord préalable : Le rire est consenti et surtout approuvé par les protagonistes

Martine Brasseur, Le rire au travail et l’éthique, étude 2013


[1] https://www.letemps.ch/economie/rire-travail-rendil-salaries-plus-performants-0

[2]LOI n° 2002-73 du 17 janvier 2002 de modernisation sociale

[3]https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=GRH_131_0045