S’inspirer des personnages de Molière pour tirer avec humour des leçons de notre comportement dans nos organisations…
Certes, ils nous font rire et sont ridicules* (du latin rido qui fait rire, plaisant, drôle, bouffon, amusant, comique, risible, absurde, extravagant !) *.
Mais qui se rit de qui ? Qui rit de quoi ? Quel est le cercle vertueux du rire ?
Quelques exemples « inspirant » à noter ; Arnolphe nous fait rire dans l’Ecole des Femmes par son incapacité à accueillir l’imprévu. Il pense avoir tout programmé et tout compris de la vie. Par ailleurs, l’intrigue repose sur le fait que cet étourdi confie le secret de ses amours à son rival sans s’en apercevoir…
Chez Argan, Malade Imaginaire, c’est l’angoisse, l’obsession, la paranoïa de la maladie et la peur de la mort qui nous amusent. Rire sur la mort est le thème récurrent de la pièce : les amants Angélique et Cléante pensent se suicider en cas de séparation, la plus jeune fille d’Argan fait semblant de mourir. Argan feint la mort afin de connaître les vrais sentiments de sa femme et de sa fille aînée.
Harpagon nous entraîne dans l’hilarité par l’amour de l’argent !… Il économise sur tout et refuse de dépenser. « Quand il y a à manger pour huit, il y en a bien pour dix. »
Il personnalise l’argent qui devient l’unique source du bonheur.
« Hélas ! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! On m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde ! Sans toi, il m’est impossible de vivre. »
En contrepied des Maîtres, il y a paysans, valets et servantes, petites gens, héros du quotidien qui nous font rire par leur accent, leur langage, leur bon sens, leur joie de vivre, leur volonté de faire le bien, leur générosité…
Ainsi Dorine tient-elle tête à Tartuffe, à Orgon, Marianne ainsi qu’à Madame Pernelle car elle est « forte en gueule et fort impertinente », et se « mêle sur tout de dire son avis » !
A la lumière de tous ces caractères, comment nous aident-ils à relire nos propres comportements ? Qu’en retirons-nous ?…
Essayons de le faire avec humour et humilité.
Le théâtre comme miroir ? Ne suis-je jamais ressorti d’une pièce en ayant envie de ressembler ou non à l’un des personnages ?
Car se connaître soi-même c’est être plus humain, ouvert, audacieux, créatif… C’est être capable de hauteur…
L’humour est une « Solidité® (1) », l’humour cultive la générosité, l’incongru, l’inopiné dès lors qu’il est manié avec respect envers soi-même et envers les autres.
Marie-Luce Barthelémy