Grandir

Tirer un trait… Ou bien, être un trait d’union ?

La paix est le trait d’union, le véritable pivot pour évoluer de la régulation à la coopération. Un réglage au sein d’une équipe n’est utile que s’il permet de travailler ensemble vers un objectif commun. Un réglage n’est efficace que si l’on accepte de retirer sa tenue de combat, d’ajuster une charge de travail jusqu’alors déséquilibrée et excluant une ou plusieurs personnes dans le service.

Nommer les points de litiges avec ses collègues est difficile surtout si nous ne voulons pas construire la paix, là où nous sommes avec ce que nous faisons à cet instant précis. La paix s’exerce en société, donc en entreprise. Aristote en présente le tableau général : « Tout État est une société. Le principe de toute société est l’espoir d’un bien puisque toutes les actions des hommes ont en vue quelque bien. Si donc toutes les sociétés visent à un bien déterminé, celle qui est souveraine entre tous, renfermant en elle toutes les autres, vise aussi bien le bien qui est le plus haut de tous. Cette société, l’État, est la société politique » (Politique I, 1 – 1252a).  À plus petite échelle, c’est exactement la même expérience qui s’observe dans le service d’une entreprise, dans une équipe.

La paix se déploie précisément par la réalisation du bien commun d’une entreprise, autrement dit les conditions mises en œuvre pour que chaque salarié exprime sa singularité et se positionne au cœur de l’effort global de production. Mettre en place une démarche de raison d’être peut aider à cette dynamique. Mais cela restera une promesse vaine si nous ne dépassons pas un clivage persistant
entre intérêt particulier et général. L’un servirait soi-même, l’autre le reste du contingent ! Oui, l’unité d’une équipe au sein même de sa diversité intrinsèque est une exigeante conquête de tous les jours. Car toute personne, quel que soit sa condition, a droit à nos égards et peut même s’avérer plus compétences que nous suivant le domaine.
« Qui vit en paix avec lui-même vit en paix avec l’univers » constatait le très expérimenté empereur romain et philosophe stoïcien, Marc-Aurèle. Dans cette dynamique positive, posons-nous les 3 questions suivantes :  
1) Essayons-nous d’acquérir la confiance de notre/nos collègue(s), chaque jour par une action très simple ? Essayons-nous de faire confiance ?
2) Acceptons-nous de reconnaître nos torts, au moment opportun ? Usons-nous alors de courtoisie et sincérité ?
3) Nous détachons-nous du pré-carré, par lequel nous nous protégeons, pour partager un nouvel espace de relation et donner sa chance au temps ?
« La paix est une création continue » martelait Raymond Poincaré, ancien président de la République française pendant la Première Guerre Mondiale. Soyons inventifs et devenons traits d’union au travail, en famille, entre amis… !
Alexandre de Poncins (1)


(1) Alexandre de Poncins exerce depuis quinze ans, dans le management de projets opérationnels en ressources humaines. Passionné de philosophie enracinée dans la terre, il s’attache depuis 2008, à déployer quatre piliers fondamentaux, au regard de trois environnements pratiqués (association sociale, entreprise industrielle cabinet RH) : 1) mettre la personne au centre 2) être joueur d’équipe 3) cultiver le terrain 4) allier humilité et efficience. Aujourd’hui, il poursuit l’objectif du développement des hommes en qualité de RH de proximité pour accompagner les organisations et leurs équipes au long terme.