Vivre avec son réseau professionnel, n’est-ce pas juste entretenir des liens d’attachement entre des personnes qui ont partagés un vécu professionnel : au sein d’une même équipe, d’un projet transverse, dans une relation client-fournisseur, voire dans un partenariat entre sociétés ?
Gyza Jaoui [1] nous apprend que les projets sont des cycles de vie, et que réussir un projet passe par plusieurs phases au cours desquelles se développent et s’entretiennent des liens. Durant la 1ère phase de construction où l’on « rêve du projet », des rencontres vont créer des liens d’attachement à autrui qui peuvent être plus ou moins forts. Durant la phase opérationnelle, les relations de travail sont confrontées aux difficultés et aux avancées de chaque étape. Une fois le projet réussi, la satisfaction de la dernière phase où l’on « célèbre le projet » s’exprime concrètement au travers de moments collectifs qui nous mettent en lien avec les parties prenantes du projet (ouverture, inauguration, témoignage, discours, pot de départ…).
Donner à ces phases un temps en collectif, dans sa vie professionnelle, c’est faire vivre le réseau de liens relationnels qui existe autour des projets.
C’est – en début de projet – ancrer les liens d’attachement les uns aux autres pour les mettre au service du projet – et de la qualité de vie au travail de chacun. C’est créer les conditions de l’intelligence collective, du 1+1=3.
C’est – en cours de projet sur des décisions à fort enjeux – prendre le temps d’aller voir un interlocuteur projet, au besoin de manière informelle, pour que chacun partage sa compréhension, son ressenti, son envie d’action, en pleine écoute de l’autre. C’est « réguler » avec l’autre, c’est-à-dire préférer « avoir la relation » plutôt « qu’avoir raison.
C’est – en fin de projet – se quitter dans le lien et permettre ainsi de renouveler l’énergie vécue du projet, pour la mettre au service du projet suivant.
En conclusion, entretenir son réseau, c’est bien faire vivre des liens d’attachement existants même si le temps est passé par là. Pour le plaisir de se revoir et de prendre des nouvelles, pour continuer à apprendre de ces personnes avec qui nous avons vécu un cycle de vie et grandi. Et parfois redémarrer une coopération sur un projet, parce que le besoin ou l’envie d’un des deux peut être satisfait par l’autre.
Et en ce sens, travailler avec son réseau, c’est garder des relations vivantes, en les mettant au service des projets professionnels, le sien et ceux du réseau.
Frédéric Barthe
[1] Gysa Jaoui est l’auteur de plusieurs livres d’Analyse Transactionnelle notamment : « Le Triple Moi » aux Editions Robert Laffont et « Transactions » chez Inter Editions